• Vendredi, RAS.

     

    Samedi, je me lève plein de motivation vers 9h (je suis déjà plus ou moins réveillé depuis un certain temps, mais il n’y a pas de mariage pour anéantir mes envies de grasse matinée). Aujourd’hui, c’est décidé, je vais au Palais Royal et au Musée National. Je déjeune et vers 10H j’ouvre le Lonely Planet (la Bible de l’Occidental en voyage au Cambodge) pour vérifier les horaires. J’apprends que le Palais ferme entre 11h et 14h30. Arf… Du coup je remets mon voyage à l’après-midi et je me plonge dans un roman. Cela faisait plusieurs mois que je n’avais pas vraiment lu, c’est bon de recommencer.

     

    Je mange quatre tranches (ou semelles) de bœuf en vitesse à midi et je me rends au Musée National, qui lui ne ferme pas. Je paie les trois dollars requis et j’entre dans l’enceinte de ce bâtiment magnifique « en terre cuite » (d’après le Lonely Planet, moi tout ce que j’ai vu c’est qu’il est rouge) avec des jardins et des bassins sympathiques et une superbe collection de statues.

    Je commence ma visite et une jeune Khmère qui fait de même m’approche. Dans un anglais approximatif elle me propose qu’on découvre le musée ensemble. Si tu veux hein… Elle commence, toute heureuse, à me raconter sa vie, comme quoi elle fait des études d’anglais (ça ne s’entend pas trop, je comprends un mot sur cinq), qu’elle vit ici avec son frère mais qu’elle est originaire de je ne sais pas quelle ville dans une province inconnue… Bref elle me gâche totalement la visite, pour résumer. On fait une pause près d’une bassin et elle me demande si je suis marié. Je réponds que non mais que j’ai une copine. C’est faux, mais elle n’ira pas vérifier et si elle peut me lâcher les baskets, ça m’arrange. Il n’en est évidemment rien.

    La visite se poursuit, elle va un moment aux toilettes et je me demande très sérieusement si je la plante là ou pas, mais ma politesse – cette conne – me retient.

    Nous finissons pas quitter le musée (où je devrais revenir, parce qu’il est très bien mais que je n’en ai pas du tout profité) et je lui dis que je compte rentrer chez moi. On habite dans la même direction. Merde, je voulais que nos chemins se séparent pour pouvoir aller tranquillement au Palais. Je commence à marcher, espérant qu’elle préfèrera un moto-dop. Naïveté quand tu nous tiens. Elle me suit et elle continue à parler dans son anglais approximatif, inlassablement. Elle me propose de venir chez moi. Je décline poliment. Le temps passe et on va toujours dans la même direction. Je commence à me poser des questions, je la laisse me devancer. Finalement ça y est, elle bifurque. Enfin !

     

    Je continue ma route comme si de rien n’était puis je reprends la direction du Palais (qui est juste à côté du Musée, comprenez ma douleur) en faisant un détour. J’ai perdu une demi-heure mais au moins je suis sûr que maintenant le palais est ouvert. Je paie mon ticket et je commence la visite. Le palais est évidemment très classe, j’aime assez. La batterie de mon appareil photo me lâche au milieu de la visite. Dommage. J’ai quand même des photos, mais pas beaucoup de détails (ce que je trouve plus intéressant à prendre). Je vous mettrai tout ça, sachant que dans certains bâtiments (les plus intéressants), on n’a pas le droit de prendre de photo.

     

    Cette fois encore je rentre à pieds, complètement déshydraté mais résolu à décliner les propositions des moto-dops. J’arrive chez moi en sueur et exténué et je vide d’un trait les deux petites bouteilles de « faux Cacolac » que j’ai acheté la veille. Ensuite, douche de pieds pour éteindre le feu, et au lit. Ça fait 4h que je marche et, si le palais et le musée sont ventilés, la rue ne l’est pas…

    En regardant par la fenêtre, je découvre des tables dressées dans la cour de la pagode voisine. Nota : demain, réveil à 6h…

     

    Je fais une sieste en attendant la soirée de départ d’une des volontaires françaises. Je me réveille claqué, mais j’arrive à trouver la motivation d’y aller. Je fixe la dynamo de mon vélo avec un bout de fil de fer (les vis sont tellement moins efficace) et je me lance. J’arrive le premier. Je prends un jus de mangue et je me pose, tout seul. Ça fait du bien.

     

    Les gens arrivent progressivement. Je n’en connais pas la moitié et la grande majorité a la trentaine. Je ne me sens pas vraiment à ma place.

    Je rentre vers une heure du matin, le moral assez bas.

     

    Dimanche, 6h… Effectivement, la musique traditionnelle s’élève. Je réprime un accès de rage et je parviens à me rendormir.

    En début d’après-midi, je pars pour le Vat Phnom. Je pense que j’y retournerai, parce que j’ai l’impression d’avoir manqué quelque chose d’important…

    Ensuite, direction « Seeing Hands Massage”, en face de la Poste (dont j’ignorais l’emplacement jusqu’à ce jour). C’est un centre de massage où les masseurs sont aveugles. Je me demande si les gars ne sont pas dégoûtés de malaxer de la chair poisseuse de sueur à longueur de journée, mais je me rends compte qu’en fait ils couvrent leurs clients de toile. Me voilà rassuré pour eux. Je m’abandonne sous les doigts du mien, curieux de voir comment il s’y prend. C’est n’est pas tellement reposant, il appuie là où ça fait mal, mais il arrive à chasser la plupart des courbatures qui se sont accumulées depuis que je suis ici, et ça, c’est une bonne nouvelle.

     

    De retour à la maison, je me pose sur le balcon avec un livre, pour attendre la fin d’un week end que j’ai malgré tout trouvé globalement décevant. Vivement la semaine prochaine et le départ à Siem Reap.

     

    Bisous à ceux qui veulent et tant pis pour les autres.

    Guillaume


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  • Hier soir, premier orage depuis mon arrivée ici. Au début, aucun coup de tonnerre, seulement des éclairs et un torrent de pluie. Ensuite on a bien eu un peu de bruit, mais à peine, la pluie était ce qu’on entendait le plus. En tout cas, ça fait plaisir de voir de l’eau quand ça fait plusieurs jours qu’on se demande si les nuages sont là juste pour faire joli.

     

    Ce matin, Borin vient me chercher à 9h (soit avec une heure de retard) et nous partons pour une ferme de sélection porcine. Ce qui signifie sortir de Phnom Penh. Je suis aux anges. On traverse le Tonlé Bassac et on s’enfonce dans la province de Kandal (je crois). Nous quittons rapidement les routes goudronnées pour nous retrouver sur des pistes boueuses. J’adore ça ! On arrive à la ferme après moults détours, on passe une heure à discuter, puis on visite. Même si la ferme rendrait fou les services vétérinaires européens, je la trouve très propre. Et pour moi qui n’y connais pas grand-chose, c’est passionnant.

     

    Nous finissons par reprendre la route, pour aller manger dans un bouiboui qui longe la nationale. Evidemment, c’est excellent, et 8h après je suis toujours en vie, donc c’est décidé, j’arrête d’être prudent vis-à-vis de ce que et où je mange (enfin tout est relatif).

     

    L’après-midi, nous visitons une station de recherche, où je découvre des légumes que je ne connais pas, puis nous nous mettons en quête de cultivateurs. Pour cela, nous retraversons le Tonlé Bassac, mais en bac, cette fois-ci. L’équipée dure trois minutes, mais je suis comme un gamin.

     

    Borin s’arrête pour acheter des euh… fruits de lotus (ça ne doit pas s’appeler comme ça, mais bon). Ça a le goût et la texture de noisettes pas tout à fait mûres, c’est étonnant. Quelques minutes de route encore, et il s’arrête de nouveau, devant un couple (frère et sœur peut-être) qui vend du jus de canne à sucre. J’en rêvais depuis des heures, et peu importe que l’eau qui sert à faire la glace ne soit sûrement pas purifiée.  La pause est bienvenue.

     

    Après encore quelques kilomètres de nids-de-poule, nous tombons sur un agriculteur en pleine pulvérisation d’un champ de chou. Sans masque, sans gants, avec son chapeau chinois qui retient bien les vapeurs au niveau de son visage, bref, l’exemple parfait de ce qu’il faudrait éviter pour conserver sa santé. Il nous dit (comme je m’y attendais) qu’il n’a pas le temps de nous parler et nous redirige vers un groupe d’hommes qui discute un peu plus loin. Nous quittons donc son champ, achevant de nous repeindre de boue au passage, et allons voir ses messieurs. Ils nous parlent des difficultés de la culture de légumes ici et du fait qu’ils ne voient pas vraiment leur situation s’améliorer.

     

    Nous repartons encore, visitons un peu les environs, nous faisons inviter à boire par une bande d’agriculteurs en pause, déclinons l’offre et reprenons la route de Phnom Penh.

     

    Je comprends désormais le sens premier de l’expression « en avoir plein le cul ». Il suffit de passer une journée sur un scooter cambodgien pour se faire sa propre opinion sur la question. J’ai pourtant passé une excellente journée, au grand air, au contact de « vrais gens » qui m’ont appris quelques trucs. Ça fait du bien.

     

    Et ce soir, l’orage a repris. J’imagine qu’il va falloir investir dans un K-Way ou trouver un moyen de fixer mon parapluie mourant sur mon guidon branlant. Encore quelques aventures en perspectives !

     

    Bisous à ceux qui veulent et tant pis pour les autres !

    Guillaume


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  • Dimanche, après un réveil à peu près naturel vers 7h du matin et deux bonnes heures à me prélasser dans mon lit (pendant que le plombier répare l’évier, j’ai même réussi à comprendre qu’il comptait changer les joints, vive le mime), je pars en quête d’un rasoir. J’en ai vu UNE fois ici, je me dis donc qu’il vaut mieux faire un stock. J’entre dans un magasin, et je me rappelle un peu tard que ce n’est pas dans celui-là que j’avais croisé Gilette. Je tourne vingt minutes dans la boutique et finalement, ô miracle, j’en trouve. Mission accomplie.

     

    Je me dirige ensuite vers le marché Orussey pour acheter des fruits. Encore une fois, j’entre du côté des poissons. Dommage. Je fais le tour des stands et je ressors sans rien acheter. Je ne connais pas les prix du marché et je sens gros comme une maison que je vais me faire arnaquer, ça me démotive complètement. En plus de ça, la plupart des fruits exposés me sont totalement inconnus. Va falloir que je demande conseil à mon collègue.

     

    Retour à l’appartement, où la chaleur m’assomme. En plus de ça, je dois lire un rapport de 200 pages pour le rendre le lendemain, et je ne l’ai pas encore ouvert. J’y consacre donc 4h, avant de faire une sieste.

     

    18h arrivent et je pars en vélo au Centre Culturel Français. Je laisse ma fenêtre ouverte dans l’espoir que l’air frais entre. Au CCF, je retrouve des gens que je connais et on s’installe pour le concert de Siméo, un Français « qui fait des boucles ». En gros, il est seul en scène avec plusieurs instruments (une feuille de papier étant un instrument), sa bouche, ses doigts et pas mal d’électronique, il crée des rythmes qu’il enregistre en direct puis il les fait tourner en boucle et joue et chante par-dessus, si bien qu’on a l’impression d’avoir tout un groupe, voire une chorale. Le concept est assez original, j’ai eu du mal à entrer dedans, mais finalement j’ai adoré. Le gars a de l’humour (en même temps, vu la taille minuscule de la salle et le public clairsemé, ça valait mieux) et du talent, même si ses textes sont parfois un peu… hum… gentils. Parfois, hein.

     

    Ensuite, retour au bercail, repas, lessive… Une vérité quasi-universelle se rappelle à moi : les insectes aiment le blanc. Une colonie de pucerons à profiter de ma fenêtre ouverte pour s’installer sur mes draps. « Bon, ce ne sont que des pucerons », pensé-je innocemment. Une première piqûre dans le dos ne me met pas la puce à l’oreille (ben non puisqu’elle est dans le dos)(pardon). La deuxième piqûre touche ma main. En baissant les yeux je comprends que les pucerons cambodgiens sont carnivores.

    En plus de ça, j’ai ramené de la nourriture de la cuisine. J’en mange un peu, je pose le paquet sur le lit et quand je regarde à nouveau, je vois une trentaine de fourmis. Ce qui signifie 1) que j’ai mangé des fourmis et 2) qu’il faut vraiment que je trouve des boîtes hermétiques. C’en est trop. Pucerons, passe encore. Fourmis, j’accepte. Mais les deux sur mon lit et/ou dans mon estomac, non. Pour une plus grande rapidité de traitement, je sors ma bombe insecticide. C’est efficace. La sérénité m’envahit. Je nettoierai quand même les draps demain.

     

    Après cette lutte épique, je me couche enfin.

     

     

    Lundi, je commence la journée en me perdant. Je finis par retrouver la route des locaux de l’association à qui je dois rendre le rapport lu hier. J’arrive à mon propre bureau en sueur après 45 minutes de vélo, tout baigne (c’est le cas de le dire). Je commence à peaufiner le plan de mon étude, pour pouvoir orienter mes questionnaires plus précisément à l’avenir.

     

    A midi, je rentre chez moi.

    J'en profite pour me prendre ma première amende :
    *Traverse le carrefour comme tous les gens le font : n'importe comment*
    *Sifflement et policier se mettant au milieu de la route*
    Et merde...
    *Regard autour pour voir si c'est bien pour moi.*
    Et merde...
    *Arrêt et grand sourire*
    - Hello !
    - fîbzefeguvohfreçgyuub (traduction : gare-toi et viens par là)
    *Exécution*
    - American ?
    - Bien sûr, et puis quoi encore ! French ! Barang !
    *Sourire du policier*
    - eàgjjfegubpvtrà (explication de mon infraction)
    - I don't understand.
    - bzînaigkvneghàegb
    - Ouais mais je ne viens pas d'ici, je viens de là-bas, regarde.
    - tgbzbejbev
    - Nan mais c'est bon j'ai bien compris que tu voulais me baiser.
    - How much ?
    -  How much ? Tu rigoles ? Official price, nanmého !
    - Five dollars.
    - Mais bien sûr, prends-moi pour un con. A té a té ! (non) Moy dollar ! (un dollar)
    -  A té a té a té ! Five dollars !
    - Tu rêves je te dis. Moy !
    - Aaaaah, friend price, bôn dollars ! (quatre)
    -  A té a té !

    Finalement je m'en suis tiré pour deux dollars. Se prendre une amende à 50m de chez soi, ça fait un peu chier, même pour deux dollars. Mais bon c'était drôle, j'aurais pu tomber sur un gros con.

    Je pense que c'est un mauvais plan de répondre "Yes" à "American ?", j'ai vu dans ses yeux qui réévaluait le montant de l'amende quand j'ai dit "French".

     

    Voilà les news. L'après-midi n'a rien eu d'extraordinaire. Ah, juste, un truc qui me fait bien rire ici : les plaques d'immatriculation "CD"... sur des scooters. Je n'avais jamais vu ça. D'ailleurs ici il y a un nombre impressionnant de plaques spéciales : CD, OI (Organisation Internationale j'imagine), ONG, State, Army, National Assembly, Government, Police, il n'y a qu'à faire son choix. Et sur les routes, on voit deux types de voitures: la Nissan Camry (enfin je crois que c'est nissan) et les énormes 4x4 et pick-up Lexus. Ce n'est pas vraiment le pays où on pourrait s'attendre à voir ça, c'est assez perturbant, d'autant qu'on n'en croise pas une ou deux par jour, mais plutôt une centaine... Pour certains, c'est l'investissement d'une vie, pour d'autres... On va dire que certaines poches ne sont pas remplies que par les fiches de paye.

     

    Bref...

    Bisous à ceux qui veulent et tant pis pour les autres.

    Guillaume


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  • Alors, où en étais-je ?

     

    Jeudi, deux rendez-vous, dont un au Ministère de l’Agriculture. J’ai donc dû me résoudre à enfiler mon costume et, pire, une chemise à manches longues. Si un jour j’accède à de hautes fonctions, je laisserai mon staff s’habiller comme il veut et je viendrai moi-même en short, surtout si c’est au Cambodge. Ces conventions vestimentaires sont vraiment absurdes.

    Les rendez-vous étaient intéressants, la journée pas très remplie.

    Le soir, je me suis remis en short avec délectation puis je suis parti en quête de Romain, un illustre inconnu jusqu’à la veille au soir, quand je reçois un mail disant en gros « Salut, je suis à Phnom Penh pour quelques jours, ça te dit qu’on se voie ? ». Bien sûr que oui ! Je trouve sa guest-house, il descend et nous nous posons dans un bar un peu plus loin. J’exerce mon khmer de survie en demandant un pichet d’Angkor Beer et ça fonctionne (bon ok, Romain fait les gestes en même temps, ça aide aussi). Romain me raconte sa vie itinérante l’été, de festival en festival pour vendre ses créations et ce qu’il achète pendant sa vie itinérante l’hiver dans les marchés d’Asie. Je ne suis pas persuadé de pouvoir adopter ce mode de vie, mais ça doit être assez génial. Du coup il me parle d’autres pays d’Asie et des différences avec le Cambodge, c’est instructif.

     

    Après le bar, je l’emmène (non sans me paumer) au Romdeng, un restaurant tenu par une ONG qui forme les enfants des rues aux métiers de la restauration (hum je crois que j’ai déjà écrit mot pour mot cette explication quelques messages auparavant). Je me rends compte qu’il y a une piscine. Je ne l’avais pas vue la dernière fois. On s’assoit juste à côté. Dur… :p

    La cuisine est excellente, mais bon ça n’est pas un scoop.

    On finit par rentrer, assez tôt (d’un point de vue français). J’ai passé une soirée bien agréable, c’est assez marrant de rencontrer quelqu’un d’aussi différent et dans ces circonstances-là.

     

     

    Vendredi, encore un rendez-vous au Ministère l’après-midi, mais cette fois je feinte : jeans-tongs le matin, et le midi je rentre me changer et j’en profite pour manger chez moi. Le break fait du bien. Le rendez-vous au Ministère est… comment dire en restant poli… totalement inutile. Il aurait pu être intéressant si le gars qu’on a vu avait été d’accord pour coopérer. Là j’avais juste l’impression d’être en face d’un mur. Je sais que la barrière de la langue ne m’aide pas, même si je fais au moins l’effort de déballer les trois mots (pertinents hein, je vais pas dire « doigts » ou « canard » juste pour le plaisir) que je connais à chaque fois histoire de détendre l’atmosphère, mais là même mes deux collègues khmers n’ont rien pu tirer de lui. Dommage, le point de vue de ce bonhomme m’aurait été utile.

     

    Mais qu’importe, c’est vendredi soir, et c’est le week end ! Je me change, j’expédie les courses rapidement et j’appelle Julie pour savoir si elle a quelque chose de prévu ce soir. Resto ? Parfait ! Tout de suite ? Ah ouais… Je me mets en route, content d’utiliser mon vélo, et je trouve la rue sans problème. Le numéro, par contre… Je croise une bande de jeunes qui me regardent passer dans un concert de rires et de « Hello ! ». Deux cents mètres plus loin je fais demi-tour. Je trouve enfin le restaurant, Del Gusto, dans un grande maison de style colonial. Je retrouve Julie et Aurélia, toutes les deux complètement nazes après une semaine de terrain. Elles me racontent leurs déboires, j’explose de rire toutes les deux minutes. Le repas arrive, il est assez vite avalé, on reste encore un moment, puis chacun rentre chez soi.

    Katherine est dans sa chambre, habillée, maquillée, prête à sortir en boîte. Elle me demande ce que je compte faire. Ben rien. Je ne me sens pas l’âme d’un clubber ce soir. Je vide une demi-bouteille de soude dans ma douche pour tenter une énième fois de la déboucher, et je quitte la salle de bain. L’avenir dira que la réussite de l’opération ne fut que partielle…

     

     

    Samedi, 6h pétantes, un tonnerre de percussions résonne sous ma fenêtre. « Oh putain me dis pas qu’il y a un mariage à la pagode dès 6h ?! » Si si. Pendant une heure et demi je subis les gongs et autres tambours. Quand finalement ça cesse, j’ai perdu tout espoir de profiter de ma grasse matinée.

    Je me lève, je déjeune et je vais m’acheter un casque de vélo. Ensuite je pars en quête du TNT qui est à peu près à 200m de l’ambassade et que je vois donc tous les jours. Aujourd’hui, j’arrive à passer devant sans le voir. On va dire que c’est la faute de ma grasse matinée avortée. Je tends le livre que je dois rendre à la bibliothèque de l’école depuis deux mois au guichetier. Il me demande si je veux le tarif normal, qui prend un mois, ou l’express, qui met trois jours. Je choisi l’express. Ça me fera 97 dollars. Pardon ? Oui oui, 97 dollars. Je paie stoïquement en serrant les dents. Ça m’apprendra à ne pas rendre mes livres à temps. Heureusement qu’il n’y en a qu’un. Je pense après coup que j’aurais mieux fait de dire à la documentaliste de racheter le livre et de m’envoyer la facture,  parce que payer 80 euros pour envoyer un livre qui en vaut 20, c’est juste stupide…

     

    Au retour, cruelle démotivation. Il fait trop chaud pour sortir. Pour déculpabiliser, je me lance dans l’entreprise harassante qui consiste à faire le ménage. J’utilise le balai de paille réglementaire pour la première fois de ma vie. C’est assez inefficace. Je rêve d’un aspirateur. Après avoir balayé toute la baraque (y compris sous le tapis du salon, ce qui n’avait apparemment jamais été fait), je sors la serpillière. L’eau noircit à vue d’œil, c’est désespérant. Katherine termine le salon et s’occupe de la terrasse. Ça me va.

     

    L’après-midi passe, le proprio aussi (l’évier fuit), puis je tente de trouver le festival de cirque itinérant qui donne une représentation à Phnom Penh ce soir. Je ne le trouve pas (je suis moyennement motivé de tout façon) et à la place je fais une heure de vélo dans la ville… Un peu masochiste.

    Retour à la maison, repas, douche, et me voilà.

     

    Bon, voilà quelques pensées et observations générales pour clore ce billet :

    -         les cahots de la route sont en train de dévisser mon vélo : j’ignore comment tient le panier devant le guidon, j’ai déjà dû revisser (à la main…) mon feu et la dynamo qui va avec, bref je sens gros comme une maison qu’il va falloir que je trouve des clés pour resserrer tout ça, et je n’ai pas la moindre idée de l’endroit où je peux dénicher ça. Et vas-y pour demander ça en khmer…

    -         la poussière est un fléau. Ceux qui me connaissent savent que j’ai des tendances maniaques. Ici c’est une vraie thérapie par le mal : soit tu t’acharnes jusqu’à craquer nerveusement, soit tu passes un coup de balai et tu t’auto-persuades que c’est propre. Je suis dans la situation intermédiaire : je passe un coup de balai et je craque nerveusement. Bon je plaisante hein, mais c’est vraiment décourageant.

     

    Bisous à ceux qui veulent et tant pis pour les autres !

    Guillaume


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  • Après le lundi coup de blues, il me fallait un mardi sympathique. Ce fut le cas : premier vrai rendez-vous dans le cadre de mon stage avec un gars très intéressant, reste de la journée pas vraiment passionnant mais supportable et en milieu d’après-midi, Stéphanie (VI qui bosse un étage au-dessus de moi) m’annonce que ce soir on accueille les nouveaux Volontaires Internationaux au Dodo. Ca tombe bien, je n’avais pas envie de me morfondre.

    Je rentre donc tôt à l’appartement histoire de me mettre enfin en short et en sandale, d’acheter de l’eau et de me réhydrater, et c’est parti.

    J’hésite : vélo ou pas vélo ? Hum, si j’y vais en vélo mais qu’on change de bar en cours de route, je n’arriverai pas à suivre toutes les motos. Si j’y vais à pied et qu’on bouge, je pourrai toujours squatter un porte-bagage mais je risque aussi d’avoir un chemin encore plus long à faire pour rentrer. Dilemme.

    J’y vais à pied finalement, me rendant compte un peu tard que c’est plus loin que dans mon souvenir. Me voilà au Dodo, deuxième arrivé. Je m’installe avec Perrine « à l’intérieur » et les autres nous rejoignent petit à petit. Tour de prénom, tour de « profession », on commande à boire et on discute. Je suis le seul garçon pour le moment. Hum. Cette fois je n’y suis pour rien. Finalement d’autres gars, dont un seul « nouveau » (c’est-à-dire présent depuis moins d’un mois), arrivent. Je suis sauvé.

    Tout le monde est sympa, ça fait plaisir de sortir un jour de semaine et de voir du monde. J’arrive même à parler, c’est incroyable. Il y a des propositions d’activités dans l’air, il faudra creuser ça.

    On mange sur place, un plat réunionnais pour moi (rousgail ? de la saucisse un peu épicée coupée, du riz et des haricots noirs, c’est pas mauvais du tout !), puis le bar commence à se dépeupler.

     

    J’y vais aussi, repartant à pied dans les ruelles sombres en sifflotant. Ici je ne chante pas, je ne suis pas encore assez à l’aise, et puis il y a des gens qui dorment dans leur tuk tuk ou dans des hamacs dehors, je ne veux pas déranger. Arrivé devant le parking au-dessus duquel se trouve mon appartement, je vois que la grille est fermée. Le moment de vérité approche : la clé que m’a copiée Katherine ouvre-t-elle le cadenas ? « I’m not sure it’s the good one », m’a-t-elle dit. Je tente ma chance. Echec. Aïe. Je retente. Ça fonctionne. Pfiou. Je peux donc rentrer chez moi. Il est à peine 23h mais je suis quand même claqué.

     

     

    Mercredi, nouveau rendez-vous le matin, intéressant aussi. A midi, je mange à nouveau avec Borin et je savoure un plat de porc presque sans légume et avec plein de graisse (la couenne), que ça fait du bien de sortir un peu du diététique ! Ensuite nous partons pour la « campagne », à une quinzaine de kilomètres de Phnom Penh, pour visiter un centre de recherche sur les productions végétales. On roule sur des routes totalement défoncées en slalomant entre les vaches, les poules et les nids-de-poule, j’adore ça. Par contre la poussière est assez désagréable, mais on s’y fait. Et quel plaisir de redécouvrir des choses dont on oublie l’existence à Phnom Penh : la fraîcheur (tout est relatif, bien sûr) et le vent ! On arrive finalement dans ce centre de recherche, juste à l’heure. Je vois du riz, des mangues, des tomates… c’est vraiment officiel, je préfère les plantes aux animaux. Le responsable qu’on rencontre est très sympa, on arrive à plaisanter, le rendez-vous est très instructif et la visite du site également. J’en profite pour bronzer, ça ne gâche rien. Après un petit crochet par le centre documentaire où la documentaliste m’a fourré dans les mains trois pavés sur la génétique végétale, comme si j’aurais le temps de tout compulser en dix minutes, puis a discuté un moment avec moi en français après m’avoir pris pour un Australien, nous sommes repartis pour Phnom Penh, sur les mêmes routes défoncées mais cette fois-ci humidifiés et donc non plus poussiéreuses mais boueuses (c’est mieux, si si : la boue n’atteint pas les yeux).

     

    Voilà les nouvelles ici.

    Demain, je m’habille classe pour le Ministère de l’Agriculture. Dur : classe veut dire chaud.

     

    Bisous à ceux qui veulent et tant pis pour les autres.

    Guillaume


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